Etude sur l’élevage des carpes dites chinoises en France et évaluation de leur possible reproduction naturelle dans les cours d’eau Français

Ce présent rapport a trois objectifs principaux :

[1]  Mener une synthèse bibliographique sur les trois espèces de carpes dites chinoises introduites en France dans la seconde moitié du 20ème siècle : la carpe herbivore ou amour blanc (Ctenopharyngodon idella), la carpe argentée (Hypophthalmichthys
molitrix) et la carpe à grosse tête (Aristichthys nobilis),
[2]  Etudier les intérêts de ces trois espèces,
[3]  Evaluer les risques réels d’une reproduction naturelle en France et autres risques des
carpes chinoises dans le milieu naturel.

Ce rapport est basé sur l’analyse de 125 références bibliographiques.

•  Ces trois espèces de carpes ont une biologie très similaire : ce sont des animaux euryèces qui grandissent vite et qui peuvent atteindre des tailles (> 100 cm) et des poids très importants (> 20 kg), surtout en comparaison des autres espèces présentes en France. Le régime alimentaire de ces trois espèces diffère : les carpes herbivores consomment principalement des macrophytes et des algues filamenteuses, les carpes argentées sont principalement phytoplanctonophages  et les carpes à grosse tête zooplanctonophages.

•  Ces trois espèces ont une importance économique considérable au niveau mondial puisqu’elles totalisent à elles seules plus de 10 millions de tonnes produites par an (principalement en Chine).

•  Ces trois espèces ont été introduites dans de très nombreux pays (près d’une centaine pour chacune) au cours des 50 dernières années pour la lutte biologique et l’aquaculture. Cependant, la reproduction naturelle n’a été observée seulement que dans quelques pays possédant des écosystèmes très proches de leur milieu d’origine. En effet, ces carpes nécessitent en priorité de grands fleuves avec un fort courant (ca. 1 m/s) qui présentent des variations importantes et rapides du niveau de l’eau (1 à 2 m)
et des températures optimales comprise entre 20 et 25°C en été. De telles conditions n’existent pas en France et par conséquent leur reproduction naturelle est, en l’état actuel des connaissances, très peu probable.

•  Malgré une présence en France depuis les années 1950, l’aire de répartition de ces trois espèces reste presque exclusivement cantonnée aux eaux closes. Dans les 40 dernières années, seule une dizaine d’individus auraient été capturés par an pour les
carpes herbivores, un à deux pour la carpe argentée et aucune pour la carpe à grosse tête.

•  Etant donné que la reproduction naturelle est très peu probable en France et que ces trois espèces sont presque exclusivement cantonnées aux eaux closes, leur expansion sur notre territoire dépendra quasi-exclusivement de comportements humains (incluant
les relâchés illégaux par des particuliers par exemple). De plus, dans l’éventualité où ces poissons poseraient des problèmes, il est relativement facile d’y remédier étant donné la taille des animaux (pêche des poissons ou captures lors de la mise à sec des étangs).

•  Les bénéfices et les risques associés aux trois espèces sont différents. Il est clair que la carpe herbivore permet de contrôler efficacement et durablement le développement trop important de la végétation aquatique et permet ainsi de remplacer le faucardage et
l’utilisation de produits chimiques. Les conséquences sur l’écosystème et les espèces natives sont négligeables voire peu importantes, surtout si les densités utilisées sont basses (autour de 30 kg/ha). L’intérêt des deux autres espèces est moins évident, notamment pour la carpe à grosse tête. De plus, les impacts (ou risques) sur les écosystèmes de ces deux espèces, carpe argentée et carpe à grosse tête, sont complexes à mettre en évidence et sont très souvent contradictoires.

Il convient de noter au moins trois incohérences dans la situation actuelle

•  Des mesures franco-françaises n’auraient aucun effet sur trois des sept principaux fleuves « français » : le Rhin, la Meuse et le Rhône quant au devenir de ces trois espèces dans les eaux libres en France car leurs cours s’étend au-delà des frontières nationales.

•  Une enquête réalisée sous couvert d’anonymats auprès d’une douzaine de grossistes a révélé qu’environ 50 000 individus, (principalement des carpes amours (80%) et des carpes argentées (20%), aucune carpe à grosse tête), sont vendus annuellement en France par ces grossistes pour le commerce du poisson d’ornement.

•  Il est assez facile d’obtenir légalement des carpes herbivores dans de très nombreuses animaleries en France.

Pour toutes ces raisons, il semble possible et judicieux d’autoriser de nouveau l’utilisation de la carpe herbivore et de la carpe argentée dans les plans d’eau.

Pour télécharger le rapport : Rapport_final_carpes

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