La pêche à la mouche, de l’art à la technique

Le Limousin, terre de référence pour la pêche à la mouche

Forum Hlieutica peche à la mouche en limousin et en france

La première édition du forum de pêche Halieutica, qui s’est déroulée samedi 27 novembre à Limoges, était largement consacrée à la pêche à la mouche avec sa trentaine d’exposants, experts et fédérations de pêche venus animer débats et conférences. Rencontres avec des champions de la discipline et des passionnés.

Un week-end au bord de l’eau, où l’on entend que le chant des oiseaux et le fil de soie de la canne à mouche qui s’agite au-dessus de la rivière.
Un paradis de sérénité pour les amoureux de la nature, où le curieux pourra venir admirer le geste chorégraphié du pêcheur à la mouche s’exécuter en silence. Cette discipline exigeante, sublimée sur grand écran par Robert Redford dans son film Et au milieu coule une rivière, nous invite à l’évasion.

La pêche à la mouche, pêcher dans l’axe du courant

C’est en premier lieu ce qui plaît aux pêcheurs, comme à Jan Astier, devenu un champion de la discipline.

« Quand je pêche, je suis dans l’eau et seul au monde. J’observe le milieu naturel, la rivière que j’occupe. C’est alors que je commence mes mouvements de lancer dans l’axe du courant. »

Cela fait plus de trente ans que Jan Astier taquine le poisson dans une « pêche de précisions, de réflexions, de connaissances ». À chaque séance, plusieurs petits mouvements vont se répéter pour obtenir une amplitude suffisante et poser l’appât sur l’eau. « On appelle cela le faux lancer. Le fil va peu à peu s’allonger en poussant la canne vers l’avant. » Comme pour tout beau geste, la technique est pointue.
Environ 90 % des poissons sont pris sur une distance de cinq à dix mètres en rivière. Rien ne sert de s’agiter dans tous les sens. Jan Astier a inventé une technique simple et efficace pour pousser sur la canne.

Le Limousin riche de ses rivières pour la pêche à la mouche

Le mieux est de s’entraîner sur son temps libre. Patrick, 65 ans, n’oublie jamais de partir pêcher. Il a un petit faible pour la Vienne où l’Ombre commun fait son retour.

Enfant, il accompagnait déjà son père à la pêche. Il a vu « la nature se dégrader en trente ans » mais reconnaît qu’elle s’améliore un peu, en cohabitation avec 2.000 hectares de barrages et de plan d’eau répartis en Haute-Vienne.

Patrick apprécie surtout le changement des pratiques.

« Les pêcheurs ont maintenant bien intégré la pêche à la mouche comme un loisir. Les poissons sont pratiquement tous remis à l’eau.

Les jeunes sont très attentifs au bien-être des poissons et c’est une très bonne chose. Il est toutefois permis d’attraper six truites par jour pour les manger. Le pêcheur peut alors prendre un second rendez-vous avec les truites qu’il a remises à l’eau pour observer « leurs robes de couleurs », les voir grossir au fil des mois, et se photographier avec, fierté du pêcheur.

Le Limousin, riche de ses rivières, est devenu une terre référence au niveau national pour enseigner la technique de la pêche à la mouche (ci-dessous).
Rien que pour les 14.000 pêcheurs recensés en Haute-Vienne, il existe 7.000 kilomètres de cours d’eau de première catégorie piscicole sur le département pour pêcher truites et Ombres, et 220 kilomètres de cours d’eau de seconde catégorie pour attraper les perches ou les poissons carnassiers comme le brochet. 

L’APPMLE, la pêche à la mouche présenté par son Président

Richard Viroulet, président de l’Association pour la promotion de la pêche à la mouche, lancer et environnement (APPMLE) 87 rappelle l’importance de préserver les milieux aquatiques.


La pêche est une pratique qui se veut en symbiose avec la nature, son habitat naturel et ses rivières. Le forum Halieutica s’est tenu hier, il avait pour objectif de sensibiliser le grand public et de débattre entre professionnels sur les enjeux liés à l’environnement, en particulier sur la qualité et la quantité de l’eau.

« L’intervention de l’Homme a raccourci artificiellement le cycle de l’eau et a augmenté sa température, favorisant la disparition de toute la chaîne alimentaire qui nourrit les poissons », alerte Richard Viroulet.


Faire revenir l’eau


Au cours des deux derniers siècles, « l’Homme s’est occupé à chasser l’eau » en construisant plans d’eau, barrages et écluses.

« Il nous faut revenir à une exploitation raisonnée de la nature pour faire revenir l’eau de façon naturelle et faire en sorte qu’elle s’infiltre. Aujourd’hui, des organismes comme les Établissements publics territoriaux de bassin veillent à replanter haies et arbustes en bord de rivière. »
S’il n’y a plus d’eau, il n’y a plus de vie. C’est le message de l’APPMLE et des pêcheurs, amoureux de la nature et des rivières de notre territoire : le plateau des Mille sources, la Vienne, la Gartempe, la Vézère.


Le poisson l’Ombre recolonise la Vienne


Vincent Abeillon a coréalisé le documentaire Il était une fois l’Ombre de la Vienne avec Romain Mouneix.
Vincent Abeillon se veut optimiste. « Ces trois dernières années, la qualité de l’eau s’est améliorée. Seuils et barrages ont été enlevés pour faire revenir le cours naturel de la Vienne. Et l’Ombre commun recolonise Limoges petit à petit. »

Le Centre national de formation aux métiers de la pêche est en Creuse

Le Limousin est une région référence en France et dans le monde entier pour former des moniteurs guides de pêche.

Le Centre national de formation aux métiers de la pêche (CNFMP) forme une vingtaine de moniteurs chaque année depuis 1996. Le Centre de formation est attaché au Centre de formation professionnelle et de promotion agricoles (CFPPA) de la Creuse.

Un concept créé à Ahun (23)

Il est le fruit d’une démarche unique en France, impulsée par Jan Astier. Capitaine de l’équipe de France aux championnats du monde de pêche à la mouche. Cet ancien professeur de gym est devenu un expert de la pêche à la mouche. Son élève à la Grand Combe, Richard Viroulet a apporté la formation en Limousin en 1996.

Jan Astier enseigne sa technique de transmission de pêche à la mouche uniquement au centre avec Yoann Esquis depuis 2014.

Une formation en apprentissage de deux ans est accessible pour se professionnaliser via une Fédération de pêche depuis 2021. Depuis la création, en 2002, du diplôme de moniteur-guide de pêche, les stagiaires peuvent transmettre leurs compétences sur toutes les techniques de pêche en neuf mois de formation.

Yoann Esquis est coordinateur et formateur référent au CNFMP.

« Des pêcheurs de toute la France et de l’étranger viennent suivre nos formations. Le diplôme permet une personne de devenir moniteur-guide de pêche, de pouvoir se mettre à son compte ou d’être salariée au sein d’une fédération de pêche » . Il s’agit du BP JEPS, mention pêche de loisirs.

moniteur guide peche nouvelle aquitaine yoann esquis

Les moniteurs-guides de pêche diplômés ont aussi la possibilité de faire des animations dans les centres de loisirs, d’organiser des « camps de pêche », travailler dans des magasins de pêche, des centres de pêches…

1.000 à 1.200 enfants sensibilisés chaque année en Limousin

Le centre de formation aux métiers de la pêche mène aussi plusieurs actions de sensibilisation auprès de 1.000 à 1.200 enfants par an en Limousin, en milieu scolaire, en centres de loisirs ou avec l’Usep 87, l’AAPPMA des Ponticauds de Limoges . « Nous pouvons enseigner différents types de pêche aux enfants et les sensibiliser sur les milieux aquatiques. »

moniteur guide de pêche animation nature environement peche

La pêche à la mouche peut même devenir
une option au bac

Un enfant âgé de 11 ans peut commencer à s’entraîner à la pêche à la mouche avec une petite canne. Mais la discipline se pratique plutôt dès l’âge de 14 à 18 ans. Avec un entraînement hebdomadaire sur trois années scolaire, la pêche à la mouche fait partie des options au baccalauréat depuis 2011.

Accessible sur tous les types de bac, la pêche à la mouche est reconnue comme une épreuve sportive.

« On dit qu’elle est tout un art. Mais elle est surtout un sport qui s’apprend avec de l’entraînement, résume Yoann Esquis. Le pêcheur peut faire jusqu’à vingt-sept mouvements en quelques secondes dans une grande précision. » 

La fabrication d’une canne pour la pêche à mouche, tout un savoir-faire

Si la pêche à la mouche est une discipline sportive, la fabrication de la canne est tout un art. Le poignet de lancers en liège, la longueur et la puissance de la canne ne seront pas les mêmes pour attraper la truite, l’Ombre commun de la Vienne ou la carpe. Pour une canne à pêche haut de gamme, compter en moyenne 350 euros. Les prix varient de 200 à 600 euros la canne à mouches.

Réussir à tromper le poisson des rivières

Le bon matériel du pêcheur à la mouche s’accompagne d’appâts plus vrais que nature. Là encore, fabriquer des insectes artificiels requiert une bonne connaissance pour tromper le poisson de rivière.

« Aujourd’hui, même les puristes préfèrent les mouches artificielles aux vraies. C’est moins fragile, plus sûr. L’appât, fait de poils et de plumes, représente une configuration de l’insecte à un instant de sa vie.

Dans les rivières, les comportements des poissons diffèrent. S’ils gobent les mouches, le pêcheur doit avoir des insectes artificiels « finis » qu’il posera à la surface de l’eau. Si le poisson se nourrit sous l’eau, il s’agit de larves d’insectes. Le pêcheur devra adapter l’appât pour espérer que ça morde.

Télécharger l’article de pêche à la mouche de l’art à la technique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut